Nous avons quitté Cienfuegos en voiture pour rejoindre La Havana pour ensuite prendre une correspondance pour Viñales. En fait nous avons une fois de plus évité de voyager de nuit. Nous avons trouvé un arrangement avec un « collectivo », il nous a fait le même prix que le bus et pourtant nous étions que tous les deux, je n’ai pas trop compris la démarche !
Sur la grande route, à trois voies, s’il vous plait, il n’y a pas de circulation. J’en profite pour enrichir ma collection photos de vielles voitures. Quand il y en a une qui se présente j’ai le temps de la voir de loin ! Le transfert à La Havana se déroule comme prévu et nous voici dans le bus pour Viñales.
En cours de route le bus fait un arrêt et j’en profite pour prendre quelques photos de ces palmiers pas comme les autres. Je discute avec un monsieur qui me fait toute une explication sur ces palmiers joufflus ou bedonnants suivant le niveau de la bosse. Cette variete est le Palma Arigona
Le ciel se fait menaçant et les premières montagnes approchent, je devine que nous approchons de la destination.
L’arrivée est triomphale, tous les propriétaires de casas viennent récupérer leurs clients pour les uns et offrir un logement pour les autres. C’est une surprise pour notre propriétaire, elle croyait voir arriver Anita avec sa copine Pascale et elle voit à la place un bel homme plein de muscles. Je fais mon possible pour atténuer sa déception et tout ce passe très bien.
Viñales est un endroit très touristique et je me doutais qu’il y aurait du monde. De plus le village est articulé autour de deux grandes rues toutes en longueur. Je comprends vite que je suis dans un « autre Cuba » ! D’ailleurs je remarque que les tracteurs et les calèches sont interdits dans le centre. C’est dommage, c’est ce que j’aime bien.
Vu le climat touristique, nous décidons de ne rien faire d’organisé. C’est donc à pied que nous découvrirons la vallée. Nous avons eu des « c’est interdit sans un guide », mais finalement nous nous sommes débrouillés et pas perdu. Là encore il y a de l’abus et comme il y a trop de touristes, les mentalités changent.
Nous avons fait la rencontre de Rogelio qui passait en vélo sur un chemin qui mène a sa propriété. Il nous dit que l’on peut aller chez lui et aussi dans la montagne derrière. Il y a des ouvriers qui font une construction mais il suffit de leur dire que l’on a l’autorisation du patron. Nous continuons le chemin et arrivons à la propriété. Les ouvriers font une petite maison en bois et nous échangeons quelques mots avec eux. Nous essayons ensuite de continuer pour aller dans la montagne mais ne trouvons pas le chemin. Nous repartons pour continuer la visite de la vallée. Sur le chemin nous recroisons Rogelio qui nous demande si nous sommes allés à la montagne. Nous lui expliquons que nous n’avons pas trouvé le chemin. Il veut que l’on vienne avec lui, il va nous montrer. Rogelio a quarante ans, c’est un homme très gentil, il prend le temps de nous expliquer. Nous ne sommes pas dans le « tourist business » mais avec un homme qui travaille dur la terre. Il a cette exploitation avec son père qui a 67 ans, un homme sec, que le travail a façonné. Il nous explique le tabac, la plantation, les feuilles que l’on enlève en bas du pied, trois par trois tout les quinze jours pour que celles du haut deviennent plus grosses et plus vertes. Puis après il faut enlever la fleur et ce sur tous les pieds. L’an dernier il a planté à la main 20000 pieds de tabac. Il compte faire beaucoup plus l’an prochain. Il nous explique le déroulement du tabac et nous dit qu’il attend que l’état lui livre les barres en bois sur lesquelles il fera sécher les feuilles de tabac. Il n’a pas le droit d’utiliser d’autres barres que celles fournies par l’état. Une façon pour ce dernier d’exercer un contrôle.
Ensuite il nous montre sa plantation de papayers que nous traversons pour aller dans la montagne. Il nous amène à travers les rochers et je dois dire que pour Anita ce n’était pas facile car elle était en jupe et pour grimper ce n’était pas évident. Entre les rochers, là haut, il a planté des bananiers ! Et vous savez quoi ? Quand il creuse pour faire ses plantations il trouve des lambis fossilisés. Preuve que la mer a un jour recouvert tout cela.
Il nous fait écouter les oiseaux qu’il y a et c’est vraiment intéressant de voir cet homme nous faire partager son univers. Il nous dit qu’il monte encore plus haut poser des ruchers, il fait aussi un peu de miel. Nous le goutons au retour et nous lui achetons une petite bouteille, il est très bon son miel. Il ne nous a rien demandé, c’est nous qui lui avons demandé si on pouvait lui en acheter. Nous nous séparons après avoir salué son père et l’avoir remercié d’avoir passé un peu de temps avec nous.
La ballade ne fait que commencer, nous sommes partis sur les traces du Mur de la préhistoire ! Pour un périgourdin, la préhistoire ça veut dire quelque chose. Les panneaux indicatifs étaient suffisamment gros et en deux langues pour que l’on s’attende à quelque chose d’exceptionnel. Et exceptionnel ce fut !
Dans les années 1960 Fidel aurait commandé cette œuvre d’art à un artiste cubain Leovigildo Gonzàles pour faire peinturlurer cette « mogote ». Il a fallu 10 ans pour réaliser cette œuvre magistrale…
Fidel a eu cette idée pour faire venir les touristes dans le coin. Le mural de la Préhistoria est censé représenter la chaine de l’évolution à Cuba. Il souhaitait qu’on ancre de façon marquante les racines cubaines dans l’histoire. Pour cela il fit peindre des grands dinosaures sur la paroi rocheuse. Le hic, il n’y a jamais eu de dinosaures à Cuba !
La rando c’est poursuivie jusqu’au Mirador pour avoir une vue générale de la vallée. Nous avons pris un coco verte pour nous rafraichir en nous reposant un peu. Le temps que je discute avec un des garçons présents Anita c’est assoupie avec le chat sur les genoux. Nous avons repris la route tranquillement en profitant bien de cette vallée et de ses habitants. Les montagnes de style karstique nous entourent. Ce sont des formations rocheuses en forme arrondies, appelées ici mogotes. Cela donne un peu un coté asiatique avec les rizières en moins.
Sur les petites maisons recouvertes de feuilles de palme on peut voir des panneaux solaires. Yolanda nous explique que cela fait deux ans qu’elle a les panneaux. Ils lui servent pour l’éclairage et la journée elle fait tourner sa machine a laver semi automatique. Le soleil ne manque pas sur l’ile et il est rare qu’elle n’ait plus d’électricité.
Nous sommes passés devant l’escuela Primaria et il n’y avait pas d’enfants pour cause de vacances. Dans les champs le travail se fait encore avec l’attelage de bœufs et la charrue en bois. C’est un travail dur et nous sommes en hiver, ce qui veut dire période sèche, par les températures chaudes et très humides j’imagine le travail harassant.
Le roucou tout rouge sera bientot recolte pour ses graines utilisees pour la cuisine.
Le plus heureux est ce cochon qui se prélasse dans son bain sur le bord du chemin, il ne sait pas encore qu’il va finir en asado pour noël !
En rentrant en ville nous voyons le vendeur de cerveza refresco, il a un fut énorme plein de bière et vends à la tirette dans des bouteilles d’un litre et demi. Nous n’avons pas testé cette bière très locale de peur d’attraper le Fidèle Gastro !
Sur le trottoir la manucure exerce à coté du réparateur de téléphone portable. Ce dernier ne doit pas manquer d’activité.
Nous rentrons à la casa et c’est l’anniversaire d’Adam, le fils qui vient d’avoir 9 ans. Le gâteau en impose mais nous inspire pas trop.
Le lendemain nous devions louer un scooter réservé la veille mais tous les scooters sont en panne et le bureau a fermé, il faudra revenir samedi. Nous décidons de ce fait de changer d’air et de rejoindre un lieu plus tranquille et moins fréquenté des touristes. Nous trouvons un taxi et c’est en Chevrolet de 1953 que nous rejoindrons Soroa.