En arrivant de notre trek de trois jours nous étions de l’autre coté du lac. Nous avons d’abord remonté un chenal avant d’arriver au lac lui-même, puis parcouru les 20kms qui nous amènent à la ville de Nyaungshwe. Cette grande étendue d’eau est longue de 20kms et 9 de large, sa profondeur ne dépasse rarement les 6 mètres à la saison des pluies. Là nous sommes en période sèche et le lac est bas. Après la fatigue des trois jours de trek, la douche a été la bienvenue et la soirée a été courte et calme. C’est au matin, à l’heure ou les bonzes commencent la quête de nourriture,
que nous avons repris le bateau pour découvrir ce paysage lacustre. C’est la communauté Intha qui au XII siècle est venue habiter sur le lac. Fuyant la guerre du sud avec la Thaïlande, ils voulaient se réfugier ailleurs mais comme les montagnes et les terres étaient déjà occupées par les Shan, ils créèrent leurs villages sur le lac. Ils apprirent à pêcher et aussi l’artisanat, forgerons, joailliers et surtout l’agriculture d’une façon particulière, en faisant des jardins flottants. Très particulière aussi la façon de se déplacer sur leur pirogue en ramant avec la jambe entière en faisant de petites rotations.
Ils sont debout sur l’arrière de l’embarcation, ce qui leurs permet aussi de mieux voir l’eau et éventuellement les poissons car le lac est peu profond. Ils pêchent avec des grandes nasses
et aussi des filets.
C’est un vrai spectacle de les observer. Ils pêchent très tôt le matin ou juste en fin de journée. De les voir debout sur leur pirogue dans cette immensité d’eau donne une dimension qu’il est difficile de décrire. Il y a un peu de magie, comme s’ils marchaient sur l’eau parfois !
Mais peut être que tout le monde ne ressent pas ça et c’est mon coté rêveur qui me laisse penser ainsi. En tout cas je peux dire que c’est une image qui est dans un coin de ma tète. La seconde caractéristique de cette communauté Intha est la construction de jardins flottants. C’est à dire ce sont des bandes de terres sur jacinthes d’eau qui flottent et on y cultive dessus.
Bien entendu la culture ne se fait qu’à partir des pirogues, pas questions de monter sur la terre. C’est très ingénieux car cela permet de déplacer les bandes de jardin. On y cultive des légumes et aussi tomates, courges et fleurs.
Le rendement semble très bon, souvent la terre est rendu plus fertile en y ajoutant des herbes qui sont prises au fond du lac. Néanmoins il semblerait aussi qu’il y est une prolifération d’algues qui entrainerait le bouleversement de l’écosystème. Peut être qu’il y aurait bien quelques nitrates de trop dans ces beaux jardins ! L’idée de départ des Intha était surement très bonne mais comme partout dans le monde l’homme ne se satisfait pas de peu et veut toujours plus, quel que soit le prix à payer. Si je rajoute à cela l’absence de traitement des déchets de la plupart des complexes hôteliers qui bordent le lac, vous comprendrez que l’endroit qui est merveilleux aujourd’hui risque un jour de ne plus avoir le même cachet. Mais je ne veux pas noircir le tableau car j’ose espérer qu’il y aura une prise de conscience avant qu’il ne soit trop tard. Nous avons aussi visité un village et c’était jour de marché.
Les ethnies des villages environnants étaient venues se ravitailler.
Toujours beaucoup de couleurs dans ces marchés
mais là c’est les couleurs du chien qui ont retenu mon attention.
Jugez vous-même,
je ne pense pas que se soit une race, surement un mélange. Alors quand ce dernier donne de tels résultats et bien on dit bravo ! Nous avons poussé jusqu’à la pagode et là c’était une belle surprise. En effet nous avons découvert tout autour de la pagode les vestiges de temples
et stupas anciens.
La végétation avait repris ses droits
et elle enlaçait souvent les vielles briques.
Les arbres poussaient sur le sommet des édifices éventrés par les racines,
comme s’ils voulaient atteindre le ciel.
Dans un autre endroit Bouddha est là dans les entrailles de ce temple affaissé,
les rayons du soleil viennent lui donner la lumière qui le rendent si touchant. Il n’a plus sa dorure comme la plupart des autres dans tous les lieux fréquentés. Lui il est là,
au milieu des débris mais il inspire le respect et la réflexion. Là aussi flottait un sentiment de plénitude ou la nature se marie avec le spirituel. C’est vraiment une belle découverte cet endroit,
cela m’a fait penser à Angkor. En repartant, sur le pont on pouvais voir que la rivière servait à laver, le linge, les hommes, les motos et aussi les voitures.
Une jeune femme a touché Anita car elle tenait son bébé et ce dernier était tout emballé dans les linges ainsi que les bras , comme au temps des siècles derniers.
Nous avons continués les visites sur le lac. Dans les ateliers de forgerons, ils fabriquent de coteaux à partir de ferrailles de récupération. Tout à la force du poigné, enclumes, forge, masses et limes sont les seuls outils.
Du beau travail, notre ami Yannick a d’ailleurs acheté deux couteaux. L’atelier de joailleries m'a moins intéressé. C’est surtout l’argent qui y est travaillé, il provient de la région de Mandalay. Ce qui m’a plu c’est l’atelier de tissage et plus particulièrement la confection de fils en fibres de tiges de lotus. Cette dernière est coupée et de ses quatre trous intérieurs
sortent des fibres.
Ces fibres sont roulées à la main et ensuite forment un fil qui est mis sur des bobines pour être tissé.
Souvent les fibres de lotus sont mélangées avec de la soie colorée
pour faire des habits. C’est très beau comme confection.
Il peut y avoir aussi uniquement des vêtements en fibres de lotus mais ils sont un peu moins souples que quand c’est avec la soie. Là aussi du très beau travail. En chemin j'ai photographié la ligne électrique
et quelques maisons,
de quoi garder de belles images de cette région. Nous avons regagné notre guesthouse après avoir déposé nos amis en cours de route. Nous avons fait la photo souvenir avec la jeune fille de la Guesthouse, Nan Khan Mon, très gentille et très compétente.
La journée sur ce fabuleux lac a été très bonne, le soleil baissait sur l’horizon, dans le lointain un pêcheur tirait ses derniers filets, le lac allait retrouver son calme.
Que le lac Inle vive encore longtemps, c’est mon souhait !
Pascal