Pas besoin de vous faire un dessin ou plutôt si, en voici un et vous avez compris que nous sommes en terre aborigène.
Nous sommes dans le nord de l’Australie, du coté de Darwin et plus précisément dans la région de Kakadu à Katerine. Ce choix avait été fait dans le tracé de notre itinéraire car c’est ici le berceau du peuple aborigène et je souhaitais voir de plus près la vie de ces gens là, approcher leur culture et essayer de comprendre leur passé.
Je peux vous affirmer qu’après une semaine dans la région c’est la déception qui l’emporte et même bien plus car je ne pensais pas voir ces gens dans un tel état de pitié.
Depuis que je voyage je n’avais pas encore vu les hommes dans un tel état de délabrement. C’est très dure de dire cela mais de voir ces gens errer dans les villes comme ils le font est très décourageant pour quelqu’un qui croit en l’humain.
Leur état sanitaire est déplorable, souvent leur visage rongé par l’alcool est difforme, le squelette frêle pour certain et l’obésité pour d’autres, la tenue vestimentaire déplorable. Ils sont là toute la journée sur les pelouses ou devant les magasins, en petit groupe à attendre. Attendre quoi ?que la journée s’étire pour en commencer une autre.
Les aborigènes sont rémunérés par l’état sans rien faire, c’est la dette de la colonisation. Les terres leurs ont été rendues en 1978 et l’état les loue sous forme d’allocation aux familles. Ils ont donc de l’argent sans travailler, excepté quelque un qui peignent et c’est là je pense le problème. Ces gens là n’existent pas aux yeux des australiens, il y a une indifférence totale et souvent du mépris.
Ces peuples là vivent cote à cote mais pas ensemble, il y a trop de différence de fonctionnement pour qu’ils cohabitent vraiment.
Je pense qu’un individu, où qu’il se trouve se révèle et existe que quand il se sent utile à quelque chose, aussi infime soit elle. Ici je ressens dans ce peuple une résignation totale qui fait qu’il ne sert plus à rien.
La colonisation leur a enlevé leur identité c’est évident. Ce n’est pas les subventions et les sommes allouées qui leurs rendront la dignité qu’ils ont perdue. Les aborigènes sont pour moi en culture hors sol, on leurs a enlevé l’enracinement dans leur terre, ils sont maintenus en vie mais ne vivent pas, ne vivent plus.
Il n’y a pas de communication possible avec les aborigènes car ils fuient le contact avec les autres personnes. Ils ne croisent pas les regards et c’est frustrant de voir un tel comportement, un tel isolement. Je ne mettrais pas de photos sauf celle du peintre, car elles seraient volées, en plus je dois bien dire que j’ai un peu honte. Oui, j’ai honte de constater que les humains comme moi soient de la sorte si peu considérés.
Ils ne sont pas et ne seront jamais comme nous. Il aurait fallu les laisser dans leur milieu naturel, sur ces terres si peu fertiles, avec une nature hostile et un climat si rude. J’ai toujours pensé que c’était le milieu géographique et le climat qui faisaient les hommes, qui leurs donnaient une façon d’être. Ma théorie se trouve ici justifiée.
Je vous ai parlé du peuple aborigène mais les australiens qui vivent ici dans le bush ne sont pas très raffinés non plus. Ce sont des rudes broussards qui n’ont que faire des bonnes manières, ils sont souvent très vulgaires dans leurs attitudes et tenues vestimentaires. Leur vie et leur horizon sont bordés de terres brulées, de cailloux et de rivières à crocodiles, le tout sur des routes sans fin…..
comment trouver dans un tel décor des raisons de vivre mieux ?
Peut être qu’en lisant ces lignes vous me sentez amer, il y a un peu de ça car dans le voyage j’aime les rencontres et là pas d’échange. Néanmoins c’est très intéressant d’observer et de voir ces gens si différents dans leurs manières et fonctionnements. C’est aussi s’interroger sur les hommes que nous sommes et constater tellement de divergence sur les fonctionnements de chacun.
Comme je l’ai dit plus haut les paysages sont arides, de plus c’est la fin de la « dry season » et tout est grillé, il fait actuellement 37 à 38° mais cela va monter à plus de 40° dans un mois. Ce sera alors les pluies diluviennes qui vont inondées les sols. Il ne sera plus possible de circuler sur la plupart des routes que nous avons faites, elles seront sous plus d’un à deux mètres d’eau, jusqu’au mois d’avril.
Cet aspect de sécheresse est renforcé par les terres brulées. Les aborigènes brulaient les terres pour les fertiliser, ce fut un temps abandonné mais les autorités australiennes ont décidées de reconduire cette tradition, c’est quand même mieux contrôlé. Les principaux arbres étant de la famille des eucalyptus et niaoulis, leur écorce brule mais se régénère et protège les arbres.
Il y a quand même de très beaux endroits avec de la verdure et des cascades.
Parfois on se demande comment peuvent exister de tels oasis.
Je vous l’ai dit plus haut, dans cette région les rivières sont infestées de crocodiles. Quand ce sont des rivières avec de l’eau saumâtre, c’est très dangereux car le maitre des lieux est le crocodile d'eau de mer (salty). Ce dernier est très gros et très agressif.
En saison sèche comme maintenant, il peut quitter ses quartiers asséchés pour aller chercher de l’eau. Sur les rives les panneaux nous recommandent la prudence.
Le crocodile de rivière est parait il plus sympa ! je ne pense pas quand même me faire copain avec un « lacoste »
La grande satisfaction de cette semaine est la présence d’une multitude d’oiseaux, il y a en a partout, de très beaux et avec des chants plus mélodieux les uns que les autres. Les rousettes (chauves souris géantes)
me régalent vraiment.
De plus ils se laissent approcher facilement. Les kangourous aussi nous amusent bien, surtout Anita, elle aime bien les observer.
Nous faisons du camping tous les jours, avec de petits moyens
et comparé à ces grands campeurs que sont les australiens nous sommes ridicules. Pour la plupart, ils ont tous le 4X4 , la remorque aménagée et tout le nécessaire, de la gestion de l’énergie
à la batterie de cuisine
, des pros dans le domaine !
Voilà donc un petit aperçu de ce que je constate. Je voudrais quand même dire que tous ces propos me sont entièrement personnels et ne sont le fruit que d’une observation d’une semaine et demie. Anita fera peut être un article complémentaire sur les aborigènes car c’est aussi un sujet qui la touche. Elle a la faculté de mieux comprendre l’anglais, donc de mieux lire les nombreux panneaux qui traitent du sujet.