Une bonne nuit de transport et nous voici sur la cote atlantique et plus précisément à Puerto Madryn.
Voyager de nuit n’est pas vraiment un inconvénient en Patagonie car le paysage est plutôt monotone et identique sur des centaines de kilomètres. C’est de la steppe avec aucun arbre, juste de touts petits arbustes d’un mètre de haut. La chance est qu’ils sont en fleurs et cela égaie un peu le tableau. De temps en temps on peut apercevoir quelques guanacos (sorte de lama) ou un renard mais c’est bien tout comme matière vivante qui bouge. En fait c’est extrêmement sauvage, plat à l’infini, sans habitation, sans personne, sans rien…la beauté sauvage c’est cela, il faut seulement apprendre à l’apprécier.
Puerto Madryn c’est différent, il y a pas mal de monde même s’il n’y a pas surpopulation. C’est seulement que nous sommes en vacances scolaires et au cœur de l’été. Les argentins viennent ici pour la plage même si elle n’est pas si super que cela. Ils viennent en famille, l’ambiance est bonne. Cela me donne une impression un peu rétro, du temps des premiers congés payés en France, ou toute la famille débarque avec chaises, tentes jeux etc…il y en a qui jouent aux quilles, d’autres aux palets dans le sable.
C’est plutôt sympa comme ambiance. Le monokini n’est pas de rigueur mais les femmes ont de très beaux maillots de bain qui font ressortir les fesses, c’est joli mais pas pour toutes…
La baignade est bonne même si l’eau est un peu fraiche au début. Anita n’y a trempé que les pieds mais c’est déjà pas si mal, rappelez vous comme ils étaient sales !
Par contre ce qui n’est pas top, c’est que les prix ont augmentés depuis le premier janvier, c’est la saison d’été et les commerces en profitent, comme partout d’ailleurs.
Nous avons trouvé un logement à La Tosca, c’est un hostel agréable, avec une bonne ambiance. Il y a deux cuisines et nous pouvons donc préparer les repas. Cela nous offre deux avantages, le premier est le coût qui est moindre qu’au restaurant et le second est que nous pouvons manger autre chose que des « patatas ».
La chambre est petite avec deux lits superposés et une salle de bain partagée avec la chambre d’à coté. Le prix est plus élevé qu'à l'habitude, néanmoins je tiens à rajouter que tout est bien pensé et fonctionnel, de plus le personnel est agréable et attentionné.
C’est là que nous avons rencontré Sandrine et Renaud, deux jeunes français en vacances, très sympas, sportifs et bons vivants à la fois. Du coup nous avons loué une voiture ensemble pour aller découvrir la Péninsule Valdés et ses colonies de lions de mer, d’éléphants de mer et de manchots de Magellan.
Nous avons quand même roulé 400kms dans la journée, dont une bonne partie sur une piste de gravillons ou la vitesse ne dépassait pas des 60km/h.
La récompense était au rendez vous, les familles étaient là aussi à la plage. La famille « Lions de Mer » avec le plus souvent le père, la mère et le petit.
Le père n’est pas trop fidèle
et s’autorise quelques escapades avec d’autres femelles. Mais tout ceci n’est pas si simple, il doit montrer son attachement à la femelle en lui faisant quelques caresses mais surtout en montrant sa fermeté et sa puissance vis-à-vis des autres mâles. Tout ceci est un vrai spectacle, il faut observer pour bien comprendre. Nous avions le temps pour le faire et c’était très bien. Ils font des bruits pour intimider et aussi des combats parfois. Ces grosses masses de 300 à 400kgs pour les mâles se déplacent quand même assez rapidement quand le besoin s’en fait sentir. Ils savent aussi s'octroyer un peu de repos.
Ils possèdent une crinière comme les lions, d’où leurs noms. Les femelles sont plus frêles, du moins plus minces, elles sont d’ailleurs plus élégantes….Ha ces femelles ! Elles mettent bas vers décembre et nombreuses étaient celles qui avaient leur petit avec elles. En général un seul par portée. Toutes ses familles se pavanent sur une plage privée,
pas d’homosapiens avec nous s’il vous plait ! Chez les « Lions de Mer » la pudeur n’a pas sa place, ils s’accouplent avec plein d’amis autour. Monsieur avec ses 400kgs s’affale sur la pauvre femelle qui s’enfonce un peu dans le sable sous le poids de son bien aimé. Ce dernier n’est néanmoins pas brusque et je dirais même qu’il fait preuve d’une certaine délicatesse. De temps en temps il lève les yeux et la tète au ciel, comme pour reprendre un peu d’air et il continue sa tache jusqu’à la satisfaction de madame et de lui-même bien entendu.
Du coté de la famille « Eléphants de Mer », nous n’avons pas vu le père. Nous étions trop tard au rendez vous, d’abord il ne sort pas souvent de l’eau, certainement à cause de sa masse qui s’exprime en tonnes et en plus ce n’était plus la période. Quelques femelles se bronzaient tranquillement sur la plage, elles ont un pelage blanc mais pas de trompe contrairement au mâle qui a une petite trompe qui lui a valu d’ailleurs son nom.
Pour la famille « Baleines Australes », là aussi nous étions en retard au rendez vous car ces dernières sont repartis à la mi-décembre vers le sud. C’est un peu dommage car le spectacle est grandiose, nous retrouverons les baleines en France mais ce seront celles des parapluies.
Un peu plus loin dans notre balade péninsulaire, c’est la famille « Pingouin de Magellan » qui avait élu domicile. Là aussi c’était la période des amours et c’est un plaisir de voir comment ils s’aiment. Ils se font plein de câlins, se frottent le coup, ils font du bec à bec, un vrai baiser à leur façon,
parfois sous l’œil de certains qui mâtent.
Ils font aussi du bruit mais ne parlant pas la langue pingouin, je ne sais pas se qu’ils se disent.
Là ou ils me plaisent, c’est quand ils marchent. Ils me font rire, de les voir tout droit
avec leur petite queue derrière, les « bras » ballants, la tète fièrement redressée et surtout leur démarche, j’y trouve quelque chose de comique. Pourtant cela ne l’est pas, avoir des ailles et ne pas voler, c’est quand même bête pour un oiseau!
L’accouplement avait déjà eu lieu et il y a avait pleins de petits. Ils avaient encore le duvet des bébés et il faudra qu’ils attendent d’avoir leur plumage définitif pour regagner la mer. Il y aura des pertes car les prédateurs sont nombreux, c’est la loi de la nature. Un intrus « Lion de Mer » était d’ailleurs venu roder pour voir s’il y avait quelque chose à croquer,
tous les manchots sont vite sortis de l’eau, personne ne voulant finir en sandwich pour Lion de Mer.
Nous avons passé beaucoup de temps à regarder tout ce petit monde à la plage. Des baigneurs pas exactement comme nous, que nous ne voyons pas souvent et jamais dans leur milieu naturel comme ici. Rien que pour ces vacanciers là nous sommes contents d’être en Patagonie.
Nous allons nous enfoncer plus profond dans cette dernière, sortir des sentiers battus comme j’aime bien le faire, pour voir là bas comment ils sont, du coté de Camarones !