Nous sommes arrivés ici samedi après-midi. Pascal avait trouvé une GH sur internet tenu par un français, nous nous sommes donc faits déposés devant. Malheureusement il ne restait plus de chambre. Et les GH suivantes sont soit pleines, soit les chambres n’ont pas de fenêtre.
Nous voilà donc partis à pied le long du Mékong. Après avoir failli dormir dans le plus luxueux hôtel de la ville (un malentendu sur le prix a empêché cela) nous sommes arrivés a la dernière GH donnant sur le Mékong. La GH fait resto aussi, tous les soirs ils font cuire un bœuf entier au barbecue. Cela attire beaucoup de monde. Nous avons donc voulu y goûter, mais grande déception. La viande est dure et sèche, c’est le chat qui a eu un repas de fête.
En cherchant notre GH nous avons fait connaissance de Mr Sam Din, guide local, mototaxi, location de moto et vélo, francophone, un homme extraordinaire. Din a 48 ans. Il a appris le français au collège, mais ne pouvait plus le parler sous le régime Khmer Rouge. Depuis que l'on a de nouveau le droit de parler les langues étrangères au Cambodge, il apprend tout seul, au contact des touristes et en regardant TV5 à la télé au café. Il est impressionnant, rayonnant. Il a une culture énorme. Sait tout sur l’actualité du monde, connaît pleins de nuances de la langue française. Nous avons loué notre moto chez lui. En plus il fournit une carte de la région avec toutes les choses à voir qu’il a dessiné à la main. Tout en français.
Premier jour de moto, direction Vat Han Chey. Se trouvant sur une colline, c’est un grand ensemble de temples modernes, autour d’un très vieux stupa. On mélange sans problème les antiquités
avec le moderne ultra kitch.
Devant les veilles pierres on trouve des fruits en ciment aux couleurs vives,
ça donne un genre.
Nous avons traversé des villages au bord du Mékong, tout le monde nous dit « hello ! » tout le temps, surtout des enfants, des beaux sourires partout. Un couple fait sécher des masques qui sont utilisés pour les danses et se prête avec le sourire à la photo.
En chemin nous avons vu les bateaux de pêcheurs aux carrelés. Les familles vivent sur ces bateaux
.
Nous avons pris deux bonnes averses par contre, mais on a pu s’abriter à chaque fois. Une belle balade avec de beaux paysages.
Deuxième jour de moto, visite du temple Vat Nokor et la colline des hommes, puis la colline des femmes. On ne paye pas directement un prix d’entrée pour ces monuments, mais il y a une police de tourisme ici. C'est-à-dire des hommes en uniforme de police avec une moto, qui se trouvent sur le site et qui vous réclament la somme de 2 dollars par personne par jour. Vous pouvez donc visiter tous les monuments le même jour pour le même prix.
Le premier jour nous n’avons pas pu tout faire ce que l'on voulait vu qu’il pleuvait pas mal en fin de journée. Le deuxième jour donc à Vat Nokor, nous avons vu notre policier, mais il dormait tranquillement dans son hamac. Nous ne l’avons pas réveillé. Vat Nokor ce sont des vestiges d’un temple pré-angkorien du 9ème siècle. Vraiment très beaux, on se demande comment ces pierres tiennent, ils pourraient nous tomber dessus à tout moment. On rentre à l’intérieur et j’entends un drôle de bruit. Qu’est-ce que je vois ? Un gros cochon qui habite les lieux et qui fait tranquillement sa sieste.
Il a retourné toute la terre. Finalement ce site magnifique sert d’étable aux cochons et aux vaches.
On continue vers la colline des hommes et là en se garant on tombe nez à nez avec une autre policier touristique. Donc tant pis, nous repayons. Ici il y a des macaques. Tout le monde les nourrit. Ils sont très gros, c’est impressionnant. Le site n’est pas vraiment très intéressant à part ça. Oui encore beaucoup de bouddhas, dont un grand couché. Mais nous en avons vu tellement de bouddhas depuis trois mois et demi. Direction la colline des femmes. Nous ne prenons pas la bonne piste. Celle-ci est un peu défoncée. Nous faisons demi-tour. Pascal se rend compte que nous avons crevé (je ne l’avais même pas senti..). Nous voilà bien. Il faut pousser la moto. Il fait hyper chaud. On demande en route si c’est loin pour se faire dépanner, on nous explique qu’il faut revenir sur la grande route. Ça fait bien 1 km. Un cambodgien en moto s’arrête pour nous faire comprendre que ce n’est pas très loin, il me dit de monter derrière lui. Nous voilà parti tous les deux. Je me dis pourvu qu’il ne m’amène pas à 3 km d’ici, Pascal ne saura pas me retrouver. Mais non, ce n’est effectivement pas loin. Il me dépose devant le garage de moto, explique au gars qui travaillent qu’il y aura une roue à réparer et repart pour retrouver Pascal (qui est fatigué d’avoir poussé la moto et a horriblement chaud). Bon ça finit bien. Nous avons à faire à des experts.
Il faut une nouvelle chambre à air. Ensuite nous repartons à nouveau vers la colline des femmes, par la bonne piste cette fois-ci. Pas plus intéressant que la colline des hommes.
Dans l'après midi, nous décidons de visiter une usine de caoutchouc qui est à une trentaine de kilomètres. Ce n’est pas vraiment l’usine que nous voulons visiter, plutôt la maison du directeur, une ancienne maison coloniale. Nous avons beaucoup de mal à trouver l’usine. Nous demandons plusieurs fois et à chaque fois on nous renvoit dans l’autre direction. Finalement on la trouve. Deux gardiens à l’entrée. J’essaie d’expliquer que nous ne voulons pas visiter l’usine mais voir la maison. Ils ne parlent pas anglais et nous font un billet pour la visite d’usine.
La maison se trouve sans doute sur le terrain, donc on verra bien. Va pour la visite d’usine. On nous donne un badge chacun. Après visite libre,ici pas de chaussures de sécurité! Nous allons où nous voulons, se promenant entre les ouvriers, prenant autant de photos que nous voulons. Un des ouvriers (ou contremaître ?) essaye de nous expliquer par geste le fonctionnement. Finalement c’est très intéressant.
Réception du caoutchouc prélevé, soit sous forme liquide, soit sous forme solide. Dans ce dernier cas il faut alors le laver, l’aplatir , ensuite le déchiqueter, le chauffer à 120°,le compresser pour faire les
« lingots » de 35kg qui partiront pour faire nos semelles de chaussures, nos habits et aussi des pneus. Par contre nous ne trouverons pas la maison.
Aujourd’hui (9 août) nous sommes passés devant chez Sam Din. Il tient un petit troqué avec trois billards. Tous les jeunes du quartier viennent jouer chez lui. Il y a une bonne ambiance. Les jeunes se moquent de lui et de nous parce que nous parlons français.
Din nous fait visiter la maison à côté de la sienne. Elle appartient à son oncle médecin à Montpellier. Une belle maison traditionnelle. La maison n’est pas vide. Il y a sa veille tante qui l’habite, elle dort sur le plancher dans la pièce principale. Mais apparemment ça ne gène pas. Il ouvre tous les volets pour nous montrer. C’est une belle maison, très spacieuse.
Ensuite nous louons des vélos chez lui et partons pour prendre le bac pour aller sur une petite île sur le Mékong. L’île de Koh Thmei. Nous attendons bien une heure avant que le bac soit plein. Ici pas d’heures fixes de départ, il faut remplir d’abord avant de partir.
Sur l’île nous restons environ deux heures à faire du vélo. Une seule piste traverse et elle est sèche, quel plaisir de faire du vélo des pieds au sec. Jamais nous n’avons dit autant de fois « hello ! ». Les enfants nous courent après. Il faut que nous nous arrêtons pour manger une pomme cannelle que l’on nous offre. Les gens sont vraiment super gentils. Nous ne croisons aucun autre touriste. Ce qui est particulier ici ce sont des attelages de chevaux. Des petits chevaux avec des carrioles derrière. Ils les font courir très vite. En ce moment il y a plein de poulains aussi. Les gens ont l’air bien sur cette île. C’est calme, paisible. Une petite école avec un beau jardin
, ici c’est le salon de coiffure en plein air,
là, une famille ventile la récolte de maïs
,
le vendeur de glaces régale les enfants…
et les grands.Une grosse averse est arrivée le temps que nous attendions le bateau pour le retour,
nous avons eu de la chance d'être abrité car elle était assez forte. Nous regardons ce pays, nous trouvons les gens agréables, nous trouvons les paysages beaux. Mais on sait qu’il n’a pas si longtemps encore il y avait beaucoup de violence et que ce pays a du mal à se relever de cela.
Din nous a présentés à un ami qui parle aussi le français, même s’il doit chercher plus ses mots. Ce dernier a voulu nous parler de cette période noire. Il était adolescent à ce moment là. Nous avons bien ressenti l’émotion et son besoin de nous faire comprendre. Curieusement il y avait un reportage sur TV5 ce soir là sur le Cambodge justement. Il y a beaucoup de gens et des enfants aussi qui travaillent 10 heures par jour pour moins d’un dollar. Nous prenons notre petit déjeuner le matin pour 5 dollars environ, ce qui n’est vraiment pas cher aux normes occidentales, mais on se sent honteux de dépenser autant pour un petit déjeuner.
Concernant les mines anti-personnel, il y a encore 40 personnes par mois qui sautent sur ces mines, et bien sûr surtout des enfants. Il y a un long chemin à faire encore pour ce pays. Mais il y des choses qui donnent de l’espoir.
A côté de notre GH il y a un petit restaurant. C’est une association bouddhiste qui a fondé cet endroit. Ils forment des jeunes orphelins ou enfants venant des milieux difficiles pour travailler ici dans le restaurant entre autre. Ils apprennent à parler anglais, à servir, faire la cuisine (voir leur site www.bsda-cambodia.org) et il y a pleins d’autres projets. Cela fait plusieurs fois que nous y avons pris déjeuné et c’est vraiment très bien. Nous avons aussi assisté au cours d’anglais donné dans le restaurant même par un jeune bonze.
Il y a beaucoup de bonnes initiatives au Cambodge. En partant de ce restaurant ce soir, nous avons croisé des jeunes français qui sont venus deux semaines pendant leurs vacances pour aider à construire une maison pour des enfants de la rue. C’est dommage que nous apprenons ça que maintenant, nous aurons aimé les voir et peut-être aider, mais demain nous partons pour Siem Riep et le temple d’Angkor et nous avons déjà les billets.
Anita